31.7.07

Relation homme et femme




« les instincts qui ne se libèrent pas, retournent contre nous » Nietzsche.

Je pense en général que, non seulement la notion de vie conjugale est dépassée, mais aussi la notion de vie de couple. La problématique est beaucoup plus compliquée pour la régler par une théorie ou la réduire dans un simple code juridique. La relation homme/femme pose une série de problèmes à plusieurs niveaux, à titre limitatif, on peut dire qu'il y a trois niveaux dans cette relation : 1- Le niveau conjugal. 2- Le niveau affectif. 3- Le niveau sexuel.

1- Le niveau conjugal : C'est ce niveau établi par l'état depuis son apparition, et durant l'histoire, et aussi selon les cultures, il a pris des formes toujours différentes et relatives.

2- Le niveau affectif : C'est ce niveau amourologique, sentimental qui s'installe entre un homme et une femme, où règnent émotion, attraction, dépendance, ...Or il est vain de vouloir comprendre scientifiquement comment cela arrive et pourquoi ? C'est même irrationnel, c'est à dire incompréhensible, ou tout simplement, ça échappe à la raison.

3- Le niveau sexuel : C'est ce niveau où il est question de manifestations corporelles, où il est question d'envie charnelle, de déduction, d’attraction. On peut bien distinguer entre deux qui se contactent formellement pour exercer un contact sexuel pur et simple, et deux qui se rencontrent pour parler, échanger des mots d'amour et faire ou non le sexe.

Il est presque impossible que les trois niveaux se réunissent chez un couple ; un ou deux niveaux restent toujours absent dans le même couple, ou alors disparaissent avec le temps. Cela veut dire, que la structure de mariage n'est pas capable d'assurer tous ces niveaux, d'où l'échec de cette structure comme on peut voir et recenser dans la vie sociale des gens Le mariage est donc ce lieu il est question d'organiser, de canaliser , de mettre en ordre quelconque relation homme et femme, de là, le commencent des maux et des souffrances, parce qu'une fois marié, on est obligé de se soumettre à des règles limitatives de la vie intime de chacun, et de sa liberté. Personne n'est capable d'offrir à son partenaire une durabilité infinie et dans l'affectivité, et dans la sexualité et les éléments de la conjugalité. On peut bien réussir un niveau ou peut être deux (c’est peu probable), mais jamais les trois niveaux.

La vie, strictement conjugale, est plus favorable pour une continuité plus longue, et souvent à partir d'un compromis sous-entendu ou caché .Quelqu'un peut-il dire et prétendre qu'il va assurer une affinité à l'autre dans l'envie sexuelle et l'affectivité !? Ce serait ou bien un dire simpliste, naïf même, ou alors une hypocrisie flagrante. Ce qu'on a beau aimer appeler « infidélité » se trouve basiquement au fond de nous en tant que phénomène naturel et vital, très positif même pour notre existence.

La vie affective, a par contre une durée de vie limitée et moins résistante pour la continuité, elle peut être plus longue, comme elle peut être très courte, car l'effet du quotidien, et l'effet de l'évolution de la personnalité font un impacte fort et déterminant, ou alors cette affectivité change et se déplace dans sa forme et sa portée ; dans un couple homme et femme, la relation est vouée à devenir une animalité, une fraternité, ou alors une haine ! L'élément sensuel et séducteur diminue ou disparaît complètement pour laisser place à ce qui est cité ci-dessus. Plus un couple dure, plus la séduction et la sensualité se dégrade." L'infidélité" ou tout simplement, la volonté d'être mieux, de sentir encore le plaisir et ses frissons, ou pour mieux dire, la volonté de ne pas mourir, prend normalement place et règne pour la continuité de l'individu dans la vie.

La vie sexuelle, a une autre dimension beaucoup fragile, relativement plus courte dans la vie des gens. Elle est de nature réactionnelle, c'est-à-dire, une réponse psycho biologique à un besoin, lui aussi imprévu, répondant à une envie plus profonde dans notre vie intérieure. Dans une situation donnée, la réaction envers un charme devient persistant et imposant. Cette réaction qui fait bouger les organes et le corps de l'individu est incompréhensible, mais vraie ; tellement vraie qu'elle pousse vers l'exercice et l’accomplissement. Mais cette réaction, selon la nature de l'être humain, est très riche et plurielle. Un homme ou une femme, peut bien avoir l'envie féroce de faire le sexe sans pour autant avoir la moindre sensation affective !

Voilà pour le moment cette introduction , pour passer aux différents paramètres de cette problématique qui est la relation homme et femme, et je parle là, de cette question précise sans minimiser, ni valoriser les autres aspects de cette relation.

1 - Le niveau conjugal :

Cette vie est supposée permettre à deux êtres humains des atouts et acquis érotique et sexuel et une stabilité durable à ce niveaux, ainsi qu’un bonheur merveilleux et assuré.

Mais cela reste tout de même implicite dans les discours énoncés par les religions et les autres systèmes de la même nature. Aucun texte religieux ne prononce clairement, que l'objet du mariage est la sexualité et l'affectivité, on y parle plutôt de fécondation, de production de l'espèce humaine, de la vie saine, de l'ordre ...; on peut déceler quelques fragments parlant du sexe, mais c'est toujours selon des règles limitatives et canalisant. La sensualité, l’érotisme, le plaisir, l’orgasme, la séduction ... etc. ne font jamais objets ou visées dans ces textes ; on parle de chasteté, de fidélité, de partager le pire et le meilleur, d'engagement à vie. La notion de devoir et d'organisation constitue la plus grande préoccupation de ces discours.

Et pourtant dans le passé de l'humanité comme dans son présent, les souffrances, les maux sociaux, les douleurs des hommes et des femmes étaient toujours à cause de ce rapport réglé et canalisé, la femme en avait la part de lion. Dans certains systèmes religieux, la femme est totalement absente à ces niveaux, et avec ce fait, le plaisir sexuel, ses prolongements et l'affectivité étaient aussi totalement absents. La sexualité dans ce contexte ne permettait jamais la créativité et la satisfaction ouverte et libre, pour remplir ce vide on a toujours laissé passer sans confirmation la " Prostitution ".

La prostitution jouait donc le rôle de l'équilibre au sein des sociétés, sans être reconnue, au contraire ; la loi jouait un double jeu vis-à-vis d'elle, en la réprimant sévèrement tant tôt, et la laisser faire tant tôt, en fermant les yeux. Cette paradoxe exprime la déchirure irrationnelle et déraisonnable existante dans ces systèmes prétendant la morale; en fait, c'est qu'ils ne sont pas arrivés à résoudre cette problématique : homme / femme, leurs théories sur le mariage n'ont fait que camoufler et légitimer une prostitution gratuite et gâchée où des sujets sont soumis à des supplices, viols, frustration permanente, investissement atroce de leurs corps ; mais vainement les vertus formellement construites essayaient de calmer les âmes enflammées par le désir et l'envie, notamment sexuels.

La vie conjugale reste et perpétue cette structure où l'exercice du pouvoir abusif constitue la règle, au détriment de ce qui est propre et droit chez l'être humain : Le droit à la sexualité et la jouissance inconditionnelle. Nietzsche en disait à raison que " Le concubinage a été corrompu par le mariage » il trouvait en lui, un lieu d’impureté, le mariage et sa morale " est une contre nature ". Je pense que nous sommes en train d'assister dans notre époque à l'effondrement total de cette institution qui n'est en fait qu'une réflexion, un petit simulacre de l'état. Ce dernier étant la source, le début et l'inventeur de cette anomalie : Le mariage.

2- le niveau affectif :

En principe, une relation conjugale, commence par un lien affectif ; dans certains cas, même ce lien n’existe pas, et la relation conjugale débute sans même cette force initiale, ce mariage est certainement voué à l’effondrement. Or, dans le mariage qui commence par une charge affective intéressante, la relation homme / femme a plus de chance de connaître une durée importante ; seulement avec le temps, selon le cas, le taux d’affectivité diminue, et cette relation, devient de plus en plus, normale, fraternelle, et sans aucune motivation. C’est là que l’évolution de couple, prend un autre aspect : le devoir ! les contraintes des vertus résidant dans la culture des deux, et généralement dans la culture sociale, cette culture qui devient une sorte de prison et d’atteinte au droit individuel des uns et des autres. Mais cette affectivité joue un rôle dans la continuité du couple souffrant, elle peut empêcher la rupture, mais pas la volonté des partenaires qui essaient de trouver refuge dans ce qu’on appelle l’infidélité, et c’est là que chacun commence à chercher d’autres expériences et d’autres horizons.

Le rôle de l’affectivité est celui de rendre cette rupture moins difficile, moins tragique dans le couple, mais la tragédie se fait, dure dans certains cas, douce dans d’autres cas, selon le degré de cette affectivité, et selon la culture des deux personnes. Il arrive que chez certains couple, les deux personnes arrivent à une entente, implicite ou explicite, à tolérer la liberté sexuelle extra-conjugale. Dans d’autres cas, le jeu se fait plus ambigu et plus scandaleux. Mais la question qui se pose chez chaque individu est la suivante : Pourquoi dois-je rester contraint de faire taire mes désirs et mes fantasmes ? est-il possible et nécessaire d’accepter sa mort sexuelle et la fin de ses désirs ?

Il est vain de nier la légitimité de ces questions, car même en les niant, elles ne cessent de se poser dans notre horizon ! plus encore, elles ne cessent de guider et d’orienter notre quotidien ! jusqu’à ce que l’individu ait le courage de faire son premier pas dans ce que la culture sociale appelle l’infidélité. Or cette infidélité devient ce qui permet à la personne de se voir renouveler et pencher joyeusement sur la vie.

3- le niveau sexuel :

Le sexe dans la vie de l’homme est quasi important, c’est l’un des composants les plus décisifs dans la vie humaine, malgré les discours moraux qui essaient de minimiser son importance. Les effets de son absence sont d’une extrême gravité. Paradoxalement, les systèmes de valeurs sont toujours restrictives quand t-il s’agit de la liberté sexuelle ; il en résulte que la vie des gens bascule vers l’insatisfaction et la mauvaise qualité de vie. Les maux sociaux augmente et la désolation devient le rythme de routine.

La sexualité n’est pas une donné de luxe, de laquelle on peut se passer, elle n’est pas non plus un phénomène que nous pouvons maîtriser ; au contraire c’est un besoin vital et absolument nécessaire, sans lequel la vie des gens devient handicapé et moins humaine ; la psychanalyse en a montré l’importance insoutenable.

La sexualité n’est pas faite seulement pour la fécondation, cette dernière en est un des résultats ; mais elle faite pour la jouissance, le bien être, la joie, l’émancipation, le bonheur …etc, elle n’est pas seulement nécessaire, mais elle est absolument exigée, faute de quoi la vie humaine est dégradée. Pire encore, elle est objet de pluralité et de savoir faire, c’est pourquoi la vie de couple en est souvent dépendante. Or, les recherches scientifiques montrent que la sexualité a une durée de vie, elle ne peut pas être infinie, ni régulière, dans la plus part des cas, cette vie sexuelle ne résiste que pour quelques années, ainsi la relation homme et femme dans un couple devient pénible et indésirable, voire insupportable.

Dans les trois niveaux que j’ai abordés, c’est le niveau sexuel qui est le plus fragile et le moins persistant. Ainsi l’institution du mariage et contrairement à ce que nous croyons, est une institution contre nature et n’est pas utile pour l’homme ; ce dernier se voit contraint de renouveler sa vie sexuelle et de répondre librement à ses désirs légitime et naturels venant de sa nature qui n’est réductible.

Voilà pourquoi je crois que dans la relation homme / femme est très compliquée, c’est qu’elle répond à plusieurs niveaux, contradictoires et riche. Sinon, qu’est ce qui explique ce qui arrive dans nos sociétés ? s’agit des gens tout simplement « infidèles » ou des gens riches dans leurs intérieurs, luttant contre la mort, aimant la vie ?

TRIBAK AHMED

16.7.07

Corps et Pouvoir


1- Le Corps dans les espaces du Pouvoir :

Le corps de Damien a été déchiqueté en plein public, et sous le patronage du souverain. Cela parait insensé à première vue puisqu’on assiste ici à un crime où tout le monde participe, mais ce n’est pas le cas pour ceux qui ont exécuté Damien, il s’agit pour eux d’un exercice du Pouvoir, un rituel qui assure leur cohérence au sein d’un corps qui est celui du souverain.

L’exécution n’avait rien de barbare, elle signifiait autre chose : La façon dont les gens concevaient le Pouvoir et l’exerçaient. Mais surtout elle tient à enrichir le corps du souverain comme étant lui-même qui a été agressé dans le crime commis par quiconque. Ce n’est pas l’intérêt public qui a été touché, mais le souverain, puisque ces citoyens sont tout simplement des sujets du monarque. La punition doit être très sauvage et publique en même temps pour revendiquer la victoire du souverain et témoigner de son acte. Or cette victoire contre le corps du criminel, doit être en tapage et en rituel impressionnant pour donner l’image féroce et redoutable du souverain. La punition et son exercice font partie intégrante de la conception du Pouvoir dans cette culture où s’oppose inversement le corps du souverain avec celui du criminel.

Mais cette conception ne pouvait plus durer, elle a disparu au profit d’un autre discours, plus habile, plus féroce, celui où on met le criminel dans un espace serré pour le mettre sous surveillance et surtout le contrôler, l’assujettir et l’investir. On a plus besoin de supplice, mais on a besoin de traverser le corps de l’individu, le rendre docile et producteur. Et pour cela il faut viser ce corps pour accéder à l’âme qui est la vraie prison du corps, cela n’a rien à voir avec l’âme des religions. L’âme est l’outil par lequel on atteint le but : l’assujettissement des individus.

La prison est devenue ce lieu où on corrige les déviations puisque le crime n’est pas une chose acceptée par la société, elle est ce positionnement hors des normes tolérées par l’espace du pouvoir. Le corps de ces auteurs qui portent la déviation doit être objet de correction, et surtout de redressement, c’est un corps qui doit avouer la justice et se désavouer lui-même !

Or les déviations sont plusieurs, et ne sont pas forcément objet d’une punition directe, elles marquent une autre atteinte à l’acceptable, au toléré, comme par exemple : la maladie, l’incapacité de travailler, l’enfance, la pauvreté…alors ce sont d’autres mesures qui sont mises en œuvre pour corriger et investir les individus : l’école, les casernes, l’hôpital, les maisons de retraite. A partir de ce fait, c'est-à-dire la variation de la déviation, cette culture doit créer ces formes de prison adaptée à ces gens qui vont déranger la production, le fonctionnement de toute la société. Mais dans tous les cas, il s’agit de surveiller ces corps et les punir dans des lieux terriblement fondés et adaptés à chacun des cas.

Aucune forme d’oisiveté n’est tolérée dans cette société, l’oisiveté est condamnée discrètement, elle doit être quadrillée pour être bien surveillée et punie, c'est-à-dire traitée selon son cas et sa manifestation. Et puisque toute personne porte un certain degré et dose d’oisiveté, ou tend de tomber dans l’oisiveté ; alors toute personne doit être surveillée et mise dans un espace précis et bien calculé, à partir de là, notre société contemporaine a créé plusieurs espaces pour maintenir sa vigilance et son maintien de l’investissement de ces milliers de corps, chacun portant sa propre déviation.

Le propre de notre société contemporaine, c’est qu’il a divisé, partagé et nommé les espaces et leur a accordé, y a distribué les corps de façon à ce que nul individu ne peut échappé au quadrillage et à la surveillance, et nul ne peut échapper à ce contrôle permanent qui lui, produit le savoir sur ces corps pour pouvoir mieux les investir. Il n y a pas de corps sans nom et espace. Cela fait que l’investissement des individus se fait à la loupe : L’économie politique des corps !

La prison est donc, la forme la plus visible de ces lieux, or, les autres lieux sont tous des lieux de la même nature, tels que : l’école, la caserne, l’usine, les hôpitaux…ect. Le but est que le pouvoir puisse s’en alimenter, s’en enrichir et s’en fortifier. La machine de pouvoir travaille sans arrêt dans la seule direction, celle de se nourrir de tous. Pour cela elle n’a plus besoin de châtiments et de supplices, mais à la mise en possession des corps, dans des espaces quadrillés, comptables et recensables. Le savoir ici est nécessaire, puisque le pouvoir en a besoin pour mieux créer et découper ces espaces selon ce qui différencie les corps ; le partage est donc l’essentiel de cette culture qui serre les bornes et les limites : les malades, les ouvriers, les enfants, les démunis, les criminels, les employés et fonctionnaires, les retraités .. ect ; tous sont répartis dans des espaces bien architecturés et bien pénétrables par l’œil du Pouvoir ; le corps n’est accepté que lorsqu’il est mis dans son espace qui lui est assigné. Cela veut dire que le corps le plus rebelle a sa place dans la prison ! « Le panoptique, la discipline et la normalisation caractérisent schématiquement cette nouvelle prise du pouvoir sur les corps … mais pourquoi cette étrange institution de la prison … ? …la prison a l’avantage de produire de la délinquance, instrument de contrôle et de pression sur l’illégalisme, pièce non négligeable dans l’exercice du pouvoir sur les corps, élément de cette physique du pouvoir qui a suscité la psychologie du sujet. »[1]. Or, en enfermant les gens, la prison garanti : « la distribution spatiale des individus », « la conduite des individus » et la sanction au « niveau infra-pénal des manières de vivre, des types de discours, des projets ou intentions politiques, des comportements sexuels, des refus d’autorité, des bravades à l’opinion, des violences, etc »[2] il s’agit donc de poursuivre les déviations et les maîtriser : « L’irrégulier, l’agité, le dangereux et l’infâme sont l’objet de l’enfermement » puis, elle garantit aussi « l’instrument d’un contrôle local et pour ainsi dire capillaire »[3]

Il ne faut pas prendre la prison comme dimension unique dans son rapport avec la déviation, elle est la structure théorique qui gouverne tout l’esprit contemporain, de là on prend toutes les formes de renfermement comme prison : les établissements scolaires, les établissements industriels, commerciaux et économiques, les établissements correctionnels … tout est préparé pour que les corps soient répartis et distribués selon la nature de la déviation, et pour que ces corps répondent aux exigences du pouvoir.

2- Les déviations :

La déviation reste l’élément sur lequel a reposé l’évolution de la prison, non pas seulement comme institution à part qui a pour objet le criminel, mais en tant que vision générale dans le traitement de toute déviation possible, et qui pourrait entraver la vie sociale.

La déviation est donc, tout corps portant un effet négatif sur le déroulement du pouvoir. C’est la non réponse positive aux exigences du pouvoir : exigences au niveau du savoir, de la productivité, de la soumission aux normes demandées …etc, cela veut dire que le manque de savoir chez l’élève, l’analphabète, le non adapte à la technique lié à la production, le manque de productivité chez l’ouvrier, le fonctionnaire, l’employé ou le soldat, la non disponibilité chez les personnes malades, handicapés ou n’ayant tout simplement pas trouvé leur place dans le marché du travail, la violation de certaines personnes aux lois « en vigueur » concernant les biens ou l’usage des biens publique ou privé. La prison comme vision générale c’est le traitement que met en œuvre le pouvoir pour traiter et gouverner tous ces formes de déviation, elle est cette pluralité de procédures à l’égard des individus : l’école est l’espace où on met des individus, souvent jeunes et petits pour leur enseigner un savoir dont ils auront besoin pour être conformes aux attentes du pouvoir dans le champs social, la caserne c’est l’espace où on met des individus pour leurs enseigner l’art et le savoir de se battre contre un ennemi probable, l’usine est l’espace où on met des individus pour maintenir la production de tout ce dont a besoin l’économie de la société, la prison est l’espace ou on met les individus qui ont touché les lois qui organisent le rapport des uns avec des autres.

La prison est donc la forme explicite qui symbolise le quadrillage qu’emploie le pouvoir pour rendre facile et possible la gestion et la gouvernance des corps. C'est que cette gouvernance a besoin de reposer sur un savoir qui fonde l’architecture valable à chacun des cas, selon la particularité des corps dans leur degré de déviation.

Dans, disait Foucault, « le régime pénal de l’âge classique on peut retrouver, mêlées les unes aux autres, quatre grandes formes de tactique punitive » :1- Exiler, chasser, bannir, expulser hors des frontières, interdire certains lieux, détruire le foyer, effacer le lieu de naissance, confisquer les biens et les propriétés. 2- Organiser une compensation, imposer un rachat, convertir le dommage provoqué en une dette à rembourser, reconvertir le délit en obligation financière. 3- Exposer, marquer, blesser, amputer …ect, bref s’emparer du corps et y inscrire les marques du pouvoir. 4- Enfermer. »[4]. Or, la détention, l’emprisonnement ne font pas partie du système pénal avant la fin du 19 ème siècle. Punir que plutôt causer des peines, n’est devenu une vision juridique qu’après une longue réflexion qui a rendu la prison une forme générale de pénalité. L’enfermement est devenu : 1- La distribution spatiale des individus. 2- Intervention au niveau de la conduite des individus.3- Contrôle de la justice réglée. La pénalité est transformée à « l’ajustement du système judiciaire à un mécanisme de surveillance et de contrôle »[5] de là, le développement de toute une série d’institutions « para pénales, et quelques fois non pénales » et c’est alors que le « le système général de surveillance-enfermement pénètre toute l’épaisseur de la société prenant » multiples formes, toutes sous le principe du Panoptique !

Le panoptique est cette vision qui donne à la prison « l’avantage de produire de la délinquance, instrument de contrôle et pression sur l’illégalisme, pièce non négligeable dans l’exercice du pouvoir sur les corps, élément de cette physique du pouvoir qui a suscité la psychologie du sujet »[6].

C’est exactement ce panoptique qui fait de la prison tout le socle théorique de notre civilisation contemporaine, c'est-à-dire la mise en espace de tout individu, de tout corps selon son degré de déviation, or la déviation est tellement répartie qu’elle devient invisible, tolérée et courante. Mais il suffit de poser les question suivantes : Pourquoi un crime est défini en tant que tel lorsqu’un homme commet un geste : voler, tuer, violer, ne pas pouvoir payer ses dettes, ne pas pouvoir trouver un travail, ne pas pouvoir être productif selon des critères, ou à cause de sa maladie ne pas pouvoir travailler, ou tout simplement ne pas pouvoir répondre aux exigences de la vie quotidienne ? Est-ce qu’un individu a le choix d’être sans travail, ou de tomber ou pas malade, de posséder ou pas un savoir qui le bénéficierait socialement ? Mais le pouvoir ne s’intéresse pas à ces questions ! il réagi comme si la déviation ( maladie, pauvreté, incompétence technique, vieillesse ... etc) était un choix personnel. Ensuite le pouvoir ne s’intéresse qu’à la façon dont il doit distribuer la déviation en multiples espaces ! Le corps pour le pouvoir n’est important que par rapport à sa productivité et sa rentabilité.

Rawls a essayé vainement de résoudre cette problématique, il a finit dans sa théorie de justice, à plutôt renforcer le pouvoir : Mais finalement c’est quoi le consensus, si ce n’est pas une façon de donner toute la puissance au pouvoir !? Il est donc difficile de croire à ces théories de démocratie qui remplissent le champs politique, surtout durant les élections, cette forme trompeuse de crier justice faite !

Ainsi, le corps doit porter avec lui ses souffrances, ses douleurs, ses frustrations, pour se mettre gentiment dans l’espace qu’on lui a attribué, et se réduire au silence, chose qui ne sera jamais assurée puisque tout corps est volonté de puissance !

TRIBAK AHMED



1 - M. Foucault : Résumé des cours 1970-1982 Collège de France – Julliard.

2 - Ibi.

3 - Ibi.

4- M. Foucault : Résumé des cours 1970-1982 Collège de France – Julliard. pp 29-51.

5- Ibid.

6- Ibid.