28.5.07

Ecriture et métaphisyque















La métaphysique conçoit l’écriture comme moyen d’expression, c’est le point qui permet le passage des sens, et la métaphore qui l’emporte est un outil pour transmettre les sens et les représenter, elle est le moyen de la présence du sens. La métaphysique nie la matérialité du signe et son intensité, elle considère le signifiant comme simple configuration du signifié, elle donne priorité à l’aspect temporel et logique du sens par rapport au signe, du signifié par rapport au signifiant, de la pensée par rapport au signe, du signifié par rapport au signifiant, de la pensée par rapport à la matière, de l’âme par rapport au corps. et puisque l’écriture n’est pas un espace de la production des sens, le signe n’est plus qu’un instant pour récupérer le sens originel indépendant à toute opération de production, que ce sens soit trouvé dans un monde paradoxal, ou contenu d’un sujet qui donne aux objets ses sens.

La métaphysique conçoit l’écriture comme opération de limitation règne la logique de l’identité, elle ne conçoit pas le texte comme système s’activent les sens (un système connotatif), et le signe comme intensification de plusieurs interprétations et espace différentiel, mais comme mot. Le mot est le terme qui limite le sens et le définit. C’est la définition qui nous donne l’essence des choses et leur vérité.

Si les sens sont des effets de l’écriture, pourquoi la métaphysique a – t-elle accepté d’emprisonner le dialogue philosophique dans le corps de l’écriture et imprègne les sens par sa nature ?

C’est que l’écriture ne se limite pas dans le fait qu’elle est un moyen d’expression, de représentation, de transmission, mais essentiellement comme outil pour conserver les sens et les protéger contre l’absurdité du destin et l’effet du temps. La métaphysique procède à l’écriture pour donner à ses sens l’aspect de l’éternité et les faire vivre dans un présent permanent, soit en réduisant le temps à un point, soit en rendant l’écriture une forme de mouvement historique qui conserve, en tant que mémoire , tous les instants; c’est une écriture qui repose sur le temps et l’histoire, une histoire qui se fonde sur la philosophie de la présence, et qui rend le temps un présent qui bouge et posant la négation à la merci du concept, et la différence au service du même. Cela rend la métaphysique sceptique vis-à-vis du texte fragmentaire.

Si l’écriture conserve les sens, elle ne les produit pas. Mais là, elle donne la suprématie de la voix et le logos sur le signe et la trace. La lecture est alors cette action magique et simple qui exclue la matière écrite pour se procurer l’esprit du texte et s’y infiltre. Dans cette lecture directe de l’essence de l’être, se montre le monde religieux de la connaissance absolue de Hegel, cette fin que l’histoire tend vers elle, de façon à ce que le concept devienne visible, découvert et présent entre nous.

Il en résulte que toute écriture /lecture qui veut détruire la métaphysique doit se libérer de la philosophie de la présence. De cette façon, le texte ne portera plus la vérité, mais ne cessera pas de lutter et de tourner autour d’elle. Cette lecture conçoit le texte comme source des effets de la vérité, elle essaiera toujours de montrer la vie de la vérité, et la politique qui maitrise la lecture des textes et ses écritures, c'est-à-dire, elle montrera l’ensemble des règles auxquelles se soumet la production des textes.

La destruction ne consiste pas à décoder les sens et les concepts métaphysiques, mais à montrer les manières avec lesquelles s’utilisent ces concepts, se produisent et se reproduisent.

Nous sommes donc, devant une lecture qui accuse le direct, elle essaie de produire l’opération effective de l’écriture métaphysique elle-même, elle n’est pas une opération pour montrer et s’approprier le sens unique comme le veut la métaphysique, mais un procès de métaphorisation, c’est une lecture qui ne voit pas le signe et le texte comme lieu règne la logique du même, mais comme lieu règne la différence.

Nous ne pourrons pas dissocier et séparer entre lecture et écriture. L’écriture dans ce sens, se représente à nous comme lue et interprétée, nous sommes donc devant une lecture/écriture sans sujet et devant une pensée sans sujet pensant (cogito). Mais elle est une lecture/écriture riche, qui ne se donne à nous qu’en ce qu’elle nous cache, et exactement en ce qu’elle porte en elle comme fragilité, derrière une apparence forte des vérités évidentes, dans le silence qui traverse son discours, et le manque qui imprègne ses concepts.

La lecture qui détruit la métaphysique, ne voit pas le texte comme s’il occulte une telle ou telle intention, ce qui veut dire qu’elle le lit pour produire l’impensé; l’impensé ce n’est pas ce qui s’absente pour une raison pensante, une raison d’un sujet pensant, il n’est pas ce qui se trouve hors de l’impensé et loin de lui. L’impensé dans une pensée n’est pas une erreur. Plus la pensée porte de l’impensé, plus elle est riche.

TRIBAK AHMED

M. Heidegger : Quappelle-t-on penser ? PUF.

J. Derrida: De la grammatologie. Minuit.

F. Nietzsche : Le Gai Savoir. Gallimard.

…………… : Humain trop humain. Gallimard.

…………… : Volonté de Puissance. Gallimard.

Aucun commentaire: