« les instincts qui ne se libèrent pas, retournent contre nous » Nietzsche.
Je pense en général que, non seulement la notion de vie conjugale est dépassée, mais aussi la notion de vie de couple. La problématique est beaucoup plus compliquée pour la régler par une théorie ou la réduire dans un simple code juridique. La relation homme/femme pose une série de problèmes à plusieurs niveaux, à titre limitatif, on peut dire qu'il y a trois niveaux dans cette relation : 1- Le niveau conjugal. 2- Le niveau affectif. 3- Le niveau sexuel.
1- Le niveau conjugal : C'est ce niveau établi par l'état depuis son apparition, et durant l'histoire, et aussi selon les cultures, il a pris des formes toujours différentes et relatives.
2- Le niveau affectif : C'est ce niveau amourologique, sentimental qui s'installe entre un homme et une femme, où règnent émotion, attraction, dépendance, ...Or il est vain de vouloir comprendre scientifiquement comment cela arrive et pourquoi ? C'est même irrationnel, c'est à dire incompréhensible, ou tout simplement, ça échappe à la raison.
3- Le niveau sexuel : C'est ce niveau où il est question de manifestations corporelles, où il est question d'envie charnelle, de déduction, d’attraction. On peut bien distinguer entre deux qui se contactent formellement pour exercer un contact sexuel pur et simple, et deux qui se rencontrent pour parler, échanger des mots d'amour et faire ou non le sexe.
Il est presque impossible que les trois niveaux se réunissent chez un couple ; un ou deux niveaux restent toujours absent dans le même couple, ou alors disparaissent avec le temps. Cela veut dire, que la structure de mariage n'est pas capable d'assurer tous ces niveaux, d'où l'échec de cette structure comme on peut voir et recenser dans la vie sociale des gens Le mariage est donc ce lieu où il est question d'organiser, de canaliser , de mettre en ordre quelconque relation homme et femme, de là, le commencent des maux et des souffrances, parce qu'une fois marié, on est obligé de se soumettre à des règles limitatives de la vie intime de chacun, et de sa liberté. Personne n'est capable d'offrir à son partenaire une durabilité infinie et dans l'affectivité, et dans la sexualité et les éléments de la conjugalité. On peut bien réussir un niveau ou peut être deux (c’est peu probable), mais jamais les trois niveaux.
La vie, strictement conjugale, est plus favorable pour une continuité plus longue, et souvent à partir d'un compromis sous-entendu ou caché .Quelqu'un peut-il dire et prétendre qu'il va assurer une affinité à l'autre dans l'envie sexuelle et l'affectivité !? Ce serait ou bien un dire simpliste, naïf même, ou alors une hypocrisie flagrante. Ce qu'on a beau aimer appeler « infidélité » se trouve basiquement au fond de nous en tant que phénomène naturel et vital, très positif même pour notre existence.
La vie affective, a par contre une durée de vie limitée et moins résistante pour la continuité, elle peut être plus longue, comme elle peut être très courte, car l'effet du quotidien, et l'effet de l'évolution de la personnalité font un impacte fort et déterminant, ou alors cette affectivité change et se déplace dans sa forme et sa portée ; dans un couple homme et femme, la relation est vouée à devenir une animalité, une fraternité, ou alors une haine ! L'élément sensuel et séducteur diminue ou disparaît complètement pour laisser place à ce qui est cité ci-dessus. Plus un couple dure, plus la séduction et la sensualité se dégrade." L'infidélité" ou tout simplement, la volonté d'être mieux, de sentir encore le plaisir et ses frissons, ou pour mieux dire, la volonté de ne pas mourir, prend normalement place et règne pour la continuité de l'individu dans la vie.
La vie sexuelle, a une autre dimension beaucoup fragile, relativement plus courte dans la vie des gens. Elle est de nature réactionnelle, c'est-à-dire, une réponse psycho biologique à un besoin, lui aussi imprévu, répondant à une envie plus profonde dans notre vie intérieure. Dans une situation donnée, la réaction envers un charme devient persistant et imposant. Cette réaction qui fait bouger les organes et le corps de l'individu est incompréhensible, mais vraie ; tellement vraie qu'elle pousse vers l'exercice et l’accomplissement. Mais cette réaction, selon la nature de l'être humain, est très riche et plurielle. Un homme ou une femme, peut bien avoir l'envie féroce de faire le sexe sans pour autant avoir la moindre sensation affective !
Voilà pour le moment cette introduction , pour passer aux différents paramètres de cette problématique qui est la relation homme et femme, et je parle là, de cette question précise sans minimiser, ni valoriser les autres aspects de cette relation.
1 - Le niveau conjugal :
Cette vie est supposée permettre à deux êtres humains des atouts et acquis érotique et sexuel et une stabilité durable à ce niveaux, ainsi qu’un bonheur merveilleux et assuré.
Mais cela reste tout de même implicite dans les discours énoncés par les religions et les autres systèmes de la même nature. Aucun texte religieux ne prononce clairement, que l'objet du mariage est la sexualité et l'affectivité, on y parle plutôt de fécondation, de production de l'espèce humaine, de la vie saine, de l'ordre ...; on peut déceler quelques fragments parlant du sexe, mais c'est toujours selon des règles limitatives et canalisant. La sensualité, l’érotisme, le plaisir, l’orgasme, la séduction ... etc. ne font jamais objets ou visées dans ces textes ; on parle de chasteté, de fidélité, de partager le pire et le meilleur, d'engagement à vie. La notion de devoir et d'organisation constitue la plus grande préoccupation de ces discours.
Et pourtant dans le passé de l'humanité comme dans son présent, les souffrances, les maux sociaux, les douleurs des hommes et des femmes étaient toujours à cause de ce rapport réglé et canalisé, la femme en avait la part de lion. Dans certains systèmes religieux, la femme est totalement absente à ces niveaux, et avec ce fait, le plaisir sexuel, ses prolongements et l'affectivité étaient aussi totalement absents. La sexualité dans ce contexte ne permettait jamais la créativité et la satisfaction ouverte et libre, pour remplir ce vide on a toujours laissé passer sans confirmation la " Prostitution ".
La prostitution jouait donc le rôle de l'équilibre au sein des sociétés, sans être reconnue, au contraire ; la loi jouait un double jeu vis-à-vis d'elle, en la réprimant sévèrement tant tôt, et la laisser faire tant tôt, en fermant les yeux. Cette paradoxe exprime la déchirure irrationnelle et déraisonnable existante dans ces systèmes prétendant la morale; en fait, c'est qu'ils ne sont pas arrivés à résoudre cette problématique : homme / femme, leurs théories sur le mariage n'ont fait que camoufler et légitimer une prostitution gratuite et gâchée où des sujets sont soumis à des supplices, viols, frustration permanente, investissement atroce de leurs corps ; mais vainement les vertus formellement construites essayaient de calmer les âmes enflammées par le désir et l'envie, notamment sexuels.
La vie conjugale reste et perpétue cette structure où l'exercice du pouvoir abusif constitue la règle, au détriment de ce qui est propre et droit chez l'être humain : Le droit à la sexualité et la jouissance inconditionnelle. Nietzsche en disait à raison que " Le concubinage a été corrompu par le mariage » il trouvait en lui, un lieu d’impureté, le mariage et sa morale " est une contre nature ". Je pense que nous sommes en train d'assister dans notre époque à l'effondrement total de cette institution qui n'est en fait qu'une réflexion, un petit simulacre de l'état. Ce dernier étant la source, le début et l'inventeur de cette anomalie : Le mariage.
2- le niveau affectif :
En principe, une relation conjugale, commence par un lien affectif ; dans certains cas, même ce lien n’existe pas, et la relation conjugale débute sans même cette force initiale, ce mariage est certainement voué à l’effondrement. Or, dans le mariage qui commence par une charge affective intéressante, la relation homme / femme a plus de chance de connaître une durée importante ; seulement avec le temps, selon le cas, le taux d’affectivité diminue, et cette relation, devient de plus en plus, normale, fraternelle, et sans aucune motivation. C’est là que l’évolution de couple, prend un autre aspect : le devoir ! les contraintes des vertus résidant dans la culture des deux, et généralement dans la culture sociale, cette culture qui devient une sorte de prison et d’atteinte au droit individuel des uns et des autres. Mais cette affectivité joue un rôle dans la continuité du couple souffrant, elle peut empêcher la rupture, mais pas la volonté des partenaires qui essaient de trouver refuge dans ce qu’on appelle l’infidélité, et c’est là que chacun commence à chercher d’autres expériences et d’autres horizons.
Le rôle de l’affectivité est celui de rendre cette rupture moins difficile, moins tragique dans le couple, mais la tragédie se fait, dure dans certains cas, douce dans d’autres cas, selon le degré de cette affectivité, et selon la culture des deux personnes. Il arrive que chez certains couple, les deux personnes arrivent à une entente, implicite ou explicite, à tolérer la liberté sexuelle extra-conjugale. Dans d’autres cas, le jeu se fait plus ambigu et plus scandaleux. Mais la question qui se pose chez chaque individu est la suivante : Pourquoi dois-je rester contraint de faire taire mes désirs et mes fantasmes ? est-il possible et nécessaire d’accepter sa mort sexuelle et la fin de ses désirs ?
Il est vain de nier la légitimité de ces questions, car même en les niant, elles ne cessent de se poser dans notre horizon ! plus encore, elles ne cessent de guider et d’orienter notre quotidien ! jusqu’à ce que l’individu ait le courage de faire son premier pas dans ce que la culture sociale appelle l’infidélité. Or cette infidélité devient ce qui permet à la personne de se voir renouveler et pencher joyeusement sur la vie.
3- le niveau sexuel :
Le sexe dans la vie de l’homme est quasi important, c’est l’un des composants les plus décisifs dans la vie humaine, malgré les discours moraux qui essaient de minimiser son importance. Les effets de son absence sont d’une extrême gravité. Paradoxalement, les systèmes de valeurs sont toujours restrictives quand t-il s’agit de la liberté sexuelle ; il en résulte que la vie des gens bascule vers l’insatisfaction et la mauvaise qualité de vie. Les maux sociaux augmente et la désolation devient le rythme de routine.
La sexualité n’est pas une donné de luxe, de laquelle on peut se passer, elle n’est pas non plus un phénomène que nous pouvons maîtriser ; au contraire c’est un besoin vital et absolument nécessaire, sans lequel la vie des gens devient handicapé et moins humaine ; la psychanalyse en a montré l’importance insoutenable.
La sexualité n’est pas faite seulement pour la fécondation, cette dernière en est un des résultats ; mais elle faite pour la jouissance, le bien être, la joie, l’émancipation, le bonheur …etc, elle n’est pas seulement nécessaire, mais elle est absolument exigée, faute de quoi la vie humaine est dégradée. Pire encore, elle est objet de pluralité et de savoir faire, c’est pourquoi la vie de couple en est souvent dépendante. Or, les recherches scientifiques montrent que la sexualité a une durée de vie, elle ne peut pas être infinie, ni régulière, dans la plus part des cas, cette vie sexuelle ne résiste que pour quelques années, ainsi la relation homme et femme dans un couple devient pénible et indésirable, voire insupportable.
Dans les trois niveaux que j’ai abordés, c’est le niveau sexuel qui est le plus fragile et le moins persistant. Ainsi l’institution du mariage et contrairement à ce que nous croyons, est une institution contre nature et n’est pas utile pour l’homme ; ce dernier se voit contraint de renouveler sa vie sexuelle et de répondre librement à ses désirs légitime et naturels venant de sa nature qui n’est réductible.
Voilà pourquoi je crois que dans la relation homme / femme est très compliquée, c’est qu’elle répond à plusieurs niveaux, contradictoires et riche. Sinon, qu’est ce qui explique ce qui arrive dans nos sociétés ? s’agit des gens tout simplement « infidèles » ou des gens riches dans leurs intérieurs, luttant contre la mort, aimant la vie ?
TRIBAK AHMED
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