1.2.08

Métaphysique et pensée



Que signifie la fin de la métaphysique ? D’abord, c’est Heidegger qui a annoncé cette proposition ; c’est d’ailleurs le point de départ de son projet philosophique : reprendre la question métaphysique pour en finir. Heidegger pose la question fondamentale ! Qu’est ce que l’être ? Il arrive à ceci : la métaphysique (de Platon à Hegel) a oublié de répondre à cette question, elle l’a substituée par une autre : Qu’est ce que l’étant ? Toutes les métaphysiques ont travaillé dans ce chemin, Aristote trouve que l’être de l’étant tourne au tour de éléments principaux : la forme et la matière indéfinie. Descartes trouve l’être de l’étant dans le « je » pensant, le « je » qui doute, puis arrive à l’évidence qu’il est le départ même de l’être. Tous les « étants » s’expliquent par le fait qu’un « je » est sûr qu’il pense, et qu’il ne peut pas se tromper en cela : que tous les « étants » se représentent dans l’immédiateté devant ce « je » ; et par là, ces « étants » sont. Hegel, voulant dépasser le vide entre le « je » et l’étant, finit par trouver un rapport de médiation entre le « je » et les « étants », c’est que le cour de la négation fait qu’il y’a une cohérence organique entre ce « je » et ces « étants », cela veut dire qu’il y a un TOUT qui n’est ni le « je » ni les « étants », mais la raison toujours en devenir. Dans toutes ces expériences métaphysiques, c’est l’étant qu’on pense, mais jamais l’être. La métaphysique est donc un oubli, un impensé. La fin de la métaphysique est donc le fait de penser qu’il y’a un oubli, un impensé ; et dépasser la métaphysique, c’est penser l’impensé. Le fait de constater qu’il y’a un impensé, qu’il y’a un oubli de l’être, est un fait majeur dans l’histoire de la pensée, ça change tout, puisque l’objet de la pensée ne sont plus les causes finales qui expliquent l’être, mais l’impensé dans toute pensée ; or l’impensé dans toute pensée est l’état de dévoilement de l’être qui n’a pas encore dévoilé ce qui est resté comme non dévoilé de l’être, et cela, c’est l’objet de la pensée et non pas de la métaphysique ; cette dernière a dévié son chemin en n’insistant que sur l’étant, considérant ses réponses apportées comme vérité finale de l’être. La métaphysique ne reconnaît pas l’impensé, elle ne le pense pas. Mais la pensée continue après la métaphysique puisqu’elle refuse ses réponses, et prend en charge de penser l’impensé. Penser l’impensé, c’est essentiellement agir ; cela veut dire pousser l’être à se dévoiler par l’effet de l’action. La pensée est donc l’état de la technique actuelle qui traverse l’être de l’étant et le dévoile. La fin de la métaphysique est la fin d’une pensée qui n’a pas achevé sa quête, en oubliant l’être ; mais cela n’est pas une faiblesse ou une erreur, c’est son propre parcours qui ne pouvait pas être que dans cette limite. Or la pensée continue après la métaphysique, parce qu’elle est posée au niveau de la technique. La fin de la métaphysique veut dire qu’il n’est pas possible de penser l’être à travers les philosophies métaphysiques (Aristote, Hegel, …) et la continuité de la pensée veut dire penser l’être au niveau de la technique. Cependant, la technique n’est pas identique à la pensée, elle est sa forme actuelle, d’où la question sur l’essence de la technique moderne. On ne peut plus penser en terme métaphysique, c’est pourquoi la pensée aujourd’hui est une pensée post moderne, Nietzsche en est le fondateur !
TRIBAK AHMED


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