17.7.10

Monologue sur la séduction (1)


« J’aime, et j’ignore comment et pourquoi ? J’ignore qui est-elle ? Je n’en sais rien ! L’amour et de n’en savoir rien ! »

Je sors, les choses et les gens passent devant moi, et moi aussi je passe devant les choses et les gens. Cela passe depuis que j’existe au monde, mais je ne suis pas indifférent ! Des événements me choquent et touchent négativement mon goût à la vie, d’autres au contraire me donne l’appétit ou plutôt la joie pour continuer mon parcours dans la vie. Une antinomie qui oppose le désenchantement à l’enchantement. Le réel est-il beau ou est-il laid ? Il est les deux à la fois même ! Il y a un fil très mince qui me retient dans cette antinomie, c’est la séduction ! C’est au moment même où je réalise le coté laid du réel que d’autres choses séduisantes viennent me soutenir et me fassent voir l’enchantement dans ce même réel ! La séduction est l’élément qui me retient à la vie.

Qu’est ce donc la séduction ? Il est vain de la définir ! Parce qu’elle est indéfinissable ! Et pourtant elle est là, je la sens et elle active ma vie. Écoutant un très beau morceau de la musique, je sens la joie où le chagrin, et cela me fait vivre un beau moment où toute mon âme et tout mon corps chantent l’hymne discrète de la vie : Mon cœur bat en voyant une femme ! Pourquoi ? Je n’en sais jamais rien ! Pourquoi celle là et pas une autre ou beaucoup d’autres ? Je n’en sais rien ? Inutile même de vouloir le savoir ! C’est irrationnel ! J’adore, mon cœur bat fort et même un instant de panique général et je n’en sais toujours pas pourquoi ! Pourquoi exactement cette femme me fait cet effet ? Où pourquoi exactement ce morceau de musique ? Pourquoi exactement un tel morceau d’art et pas d’autre ? C’est irrationnel !

Il y a une danse diabolique, un ballet fantastique entre l’irrationnel et la séduction ! Un mariage sournois et agressif mais terriblement beau ! Sournois dis-tu et agressif ? Oui, mortel même ! Toute séduction comporte vie et mort. La séduction est un risque ! Être séduit c’est être déjà fragile et au seuil de la mort ! La séduction porte un danger de mort, mais elle est essentiel pour la vie, et c’est là son caractère antinomique : Fondamentale pour la vie tout en comportant risque de mort ! Si bien qu’une séduction qui ne comporte pas un danger de mort ne peut jamais être une séduction ! N’est-il pas trop risqué d’être amoureux ? Les liaisons fatales et dangereuses de Laclos en est une démonstration. Je suis amoureux, je suis donc presque mort.

La séduction est déstabilisation, un décentrement de la force comme de la raison, être amoureux c’est être déstabilisé et décentré de soi-même. C’est pourquoi seules les fortes âmes sont capables d’aimer et d’être amoureux. Les fragiles n’aiment jamais, ils fuient l’amour, car ils n’en sont pas dignes. Ainsi, un amoureux(se) est déjà un héros ! Un(e) héros n’abandonne jamais, il est trop fort pour accepter d’abandonner.

Achille a été averti par sa mère, que sa participation dans la guerre de Troie sera pour lui un trophée majeur qui le fera régner dans l’histoire, mais il y a un sérieux danger de mort, et pourtant il n a pas hésité à y participer, parce qu’il est un héros qui ne recule devant rien. Ainsi, la séduction est notre DESTIN !

2 commentaires:

Escape a dit…

Je suis séduit, mais pour quelle raison suis-je séduit ? Je n'en ai aucune idée. Mais cela veut-il dire pour autant que la raison n'existe pas, ou n'est pas isolable, sous prétexte qu'à moi elle m'échappe.

Qu'on ne me fasse pas parler à la place de l'amoureux, car il vibre d'amour, et je ne voudrais pour rien au monde lui ôter cette noblesse. Le proverbe persan dit que l'homme passionné est plus fort que mille guerriers...

C'est le grand danger de la Science, au cas où elle arrive à isoler, neurobiologiquement, les éléments qui me passionnent dans l'être aimé, que d'ôter à la passion tout son mystère. Mais nous savons que le philosophe est guerrier contre le nihilisme, et le lutteur, s'il vainc l'adversaire, ne le fait pas en évitant le contact avec lui, mais en prenant appui contre lui pour le déstabiliser...

Ainsi, je pense que vous avez tort (quoique je respecte moultement votre erreur !) de dire que la séduction est irrationnelle. Elle est tout à fait rationnelle, d'un point de vue qui nous est extérieur à nous, les amoureux. Mais le propre du philosophe est de courir le risque du nihilisme !

Autrement, toute victoire contre le Néant sera à jamais impossible...

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Escape !

أحمد الطريبق Ahmed Tribak a dit…

Vous parlez de la séduction en terme d'être ou ne pas être dans la raison, il ne s'agit pas d'une confrontation ! Raison et déraison sont toujours l'un avec l'autre. Lisez Baudrillard(De la séduction) sur ce thème ça vous donnera une idée sur la question